poème d'auguste Brizeux

Publié le par eric B

Rien ne trouble ta paix, ô doux Léta ! Le monde
en vain s' agite et pousse une plainte profonde,
tu n' as pas entendu ce long gémissement,
et ton eau vers la mer coule aussi mollement ;
sur l' herbe de tes prés les joyeuses cavales
luttent chaque matin, et ces belles rivales
toujours d' un bord à l' autre appellent leurs époux,
qui plongent dans tes flots, hennissants et jaloux :
il m' en souvient ici, comme en cette soirée
où de boeufs, de chevaux notre barque entourée
sous leurs pieds s' abîmait, quand nous, hardis marins,
nous gagnâmes le bord, suspendus à leurs crins,
excitant par nos voix et suivant à la nage
ce troupeau qui montait pêle-mêle au rivage.
J'irai, j'irai revoir les saules du Létâ,
et toi qu' en ses beaux jours mon enfance habita,
paroisse bien-aimée, humble coin de la terre
où l' on peut vivre encore et mourir solitaire !

 
Brizeux, Auguste. (1803-1858). (Marie 1 page 3)

Publié dans gazette ti ma bro

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